Transmettre en théorie ET en pratique !
30/09/2024
Non classé - Pratique - Vie de l'Association
Stages, Mentorats, Tutorats, tous ces systèmes sont des moyens de faciliter l’immersion professionnelle de nos jeunes étudiants pour qui le saut de la vie étudiante à la vie professionnelle semble être un fossé parfois insurmontable. En équine, cette montagne parait difficile à gravir car le champ des connaissances à acquérir pour démarrer est large, l’apprentissage des actes techniques est difficile à enseigner à l’ Ecole et le prix moyen des chevaux qu’ils auront à soigner est souvent élevé. Alors en général, les jeunes sortant de leur formation initiale cherchent à la compléter.
Les stages en cours d’Ecole sont une première étape, cela permet de découvrir le travail sur le terrain. Les premiers sont surtout des stages d’observation, souvent courts, 2 ou 3 semaines. Ils ne permettent pas toujours de valoriser la transmission du savoir. Sur les dernières années, en fonction du maitre de stage et de la motivation des stagiaires, certains gestes techniques pourront être acquis. Encore faut-il trouver le bon maître de stage, celui qui veut s’investir pour transmettre ses connaissances…
A l’AFVAC cette année, le 22 novembre, se tiendra une rencontre pan-professionnelle réunissant l’AFVAC, l’AVEF, le CNOV, la SNGTV, le SNVEL et les ENVF. En y participant, les praticiens présents pourront mieux comprendre l’intérêt des stages et comment les vivre comme une opportunité plutôt qu’une contrainte. Pour les étudiants, ils pourront apprendre à rechercher le stage correspondant à leurs besoin et qui donne du sens à leur futur métier. D’ores et déjà, la plateforme Stagevet, initiée par le SNVEL, est un beau tremplin pour favoriser ces rencontres professionnelles.
Des initiatives favorisant le « compagnonnage » essentiel dans l’apprentissage de ce métier, se mettent en place peu à peu. Vetagro Sup par exemple, grâce à la motivation d’une enseignante, propose désormais en 5ème année, un stage de 2 mois d’immersion avec des vétérinaires itinérants. Le système, en test depuis déjà 3 ans, semble séduire à la fois les praticiens et les étudiants sous le contrôle bien sûr des enseignants qui apportent le cadre de ces stages longues durées, appelés « Mentorat ». Côté bovine, depuis quelques années, un système de tutorat a été mis en place dans certaines Ecoles. Cette autre proposition d’accompagnement semble plaire à la fois aux enseignants, aux étudiants qui abordent leur futur métier différemment et aux praticiens qui les reçoivent et qui les forment. Une bonne manière de partager et d’engager, peut-être, leurs futurs …
Car il est là le secret du recrutement ! Certes offrir de bonnes conditions de travail est un atout, mais quand les étudiants sont déjà venus en stage ou en tutorat, on augmente les chances qu’ils finissent dans nos structures.
Depuis déjà 3 ans, l’AVEF est présente aux réunions de tutorat pour essayer de faire passer le message de la nécessité de créer un tutorat en pure équine à l’instar de la bovine. On nous répond que ce tutorat répond aux problèmes de recrutement en zone rurale. Et nous, n’avons-nous pas de soucis de recrutement ? A force de présence et d’insistance dans l’intérêt des jeunes, nous avons obtenu depuis l’année dernière la possibilité de faire un tutorat mixte bovine / équine. Une belle marche gravie déjà mais pas suffisante au goût de l’AVEF ! Ces tutorats mixtes permettent de former des étudiants aux gestes de base en équine. Ils ont souvent le projet de travailler en rural et pourront donc gérer une petite activité en équine. On avance !
Maintenant nous aimerions accéder à un tutorat en pure équine pour ceux qui s’engageront à 100% dans cette voie. Nous proposons un tutorat de 6 mois, un minimum quand on voit que certaines cliniques proposent des compléments de formation pendant 1 an. Nous continuerons à défendre cette position à la fois pour la sérénité des jeunes sortants, pour le confort des praticiens et enfin et surtout pour le bien-être des chevaux !
En effet les immersions longue durée permettent de voir la théorie en action, de s’approprier les actes mais aussi de voir des éléments de gestion d’entreprise, d’apprendre à communiquer avec des propriétaires pas toujours faciles en équine et de veiller à l’équilibre vie personnelle / vie professionnelle. Pour éviter que nos jeunes aient à choisir (comme certains le disent sur le terrain) entre devenir maman et faire véto équin, il faut leur montrer que, de la nounou, à l’Ecole, à la planification des loisirs ou des vacances, tout est une question d’organisation ! Les stagiaires sont en général ravis de voir qu’on peut faire ce métier tout en conservant une vie à coté….
Quel que soit le système, l’immersion professionnelle est capitale dans notre métier et l’AVEF se mobilise pour limiter le fossé rencontré par les jeunes futur(e)s vétérinaires entre l’Ecole et la vie de praticien. Ce fossé, via une expérience terrain, doit devenir un tremplin pour exercer ce beau métier de vétérinaire équin !
Hameline Virevialle, DMV, Vice-Présidente Responsable digital