L’AVEF Jr de Lyon fait sa rentrée !
12/10/2024
AVEF Junior - AVEFjr Lyon - Vie de l'Association
L’AVEF Jr de Lyon est heureuse de pouvoir compter sur un nouveau bureau dynamique et motivé par l’organisation de nombreuses conférences, tables rondes, sorties et TP. Avec plus de 110 étudiants lyonnais adhérents à l’AVEF cette année et l’inauguration de la valorisation par la scolarité de la formation dispensée par l’AVEF, pas de doute : l’année 2024-2025 va permettre au juniors de Lyon de développer leur culture équestre et leur connaissances vétérinaires ! Cette année les juniors de Lyon ont fait le choix d’orienter leurs événements autour de « La gestion globale du cheval de sport ». Thème passionnant et vaste qui leur permettra d’approcher différents volets de la médecine équine et d’aller à la rencontre des professionnels des 3 disciplines olympiques mais aussi des courses.
Pour cela, quoi de mieux pour commencer l’année sur de bonnes bases que de voir ou revoir les fondamentaux du comportement équin ? C’est ce que les membres de l’AVEF Jr ont pu faire ce jeudi 10 octobre, à Lyon ou en visio, grâce à l’intervention du Dr Laure BONATI, vétérinaire diplômée d’un CEAV d’éthologie clinique. Au travers d’une conférence portant sur « les problèmes de comportement les plus courants en médecine équine », la co-créatrice du podcast Véthologie a permis aux futurs vétérinaires d’enrichir leur vision du cheval dans sa globalité.
Si la domestication du cheval nous confère des responsabilités, elle ne doit pas nous faire oublier que cet animal a des besoins élémentaires (donnés par la règle des 3 F : Freedom, Fiber and Friends) qui doivent être satisfaits à tout moment, sous peine de voir s’installer un mal-être et d’éventuelles stéréotypies, parfois définitives et irrémédiables. Cas cliniques à l’appui, la vétérinaire rappelle cependant qu’une vie au pré en troupeau n’est pas suffisante pour assurer le bien-être de l’équidé : la stabilité du groupe de congénères ou le confort du lieu de couchage sont également déterminants.
Aussi bien que l’agressivité envers l’humain, l’hypervigilance ou l’apathie, les stéréotypies (jamais observées à l’état naturel) doivent toujours nous alarmer. Qu’ils soient oraux ou locomoteurs, ces « tics » (comportements répétitifs et invariants exécutés sans but apparent) traduisent toujours une inadaptation de l’environnement à l’individu (car la perception de l’environnement est bien individu-dépendante) et/ou des douleurs (par exemple gastriques), quoique les tics oraux puissent être intégrés au comportement normal de l’individu même après retour à des conditions de vie optimales. Notons que des prédispositions génétiques ont pu être avancées chez le pur-sang par exemple, mais des corrélations (comme la précocité du sevrage, bien plus avancé que les neuf mois observés à l’état naturel) perturbent les conclusions.
Par ailleurs, s’il est fondamental pour un cheval d’avoir une alimentation riche en fibres et des interactions avec des congénères, il ne l’est pas moins de dormir ! Un sommeil perturbé peut aboutir à un syndrome de privation de sommeil, pathologie probablement sous-diagnostiquée. Des lésions symétriques sur les carpes et boulets doivent par exemple alerter le propriétaire et le vétérinaire puisqu’elles peuvent être synonymes de chutes de fatigue. L’intervenante rappelle encore l’importance d’un lieu de couchage épais et apprécié par l’individu, dans la mesure où le cheval a, en dépit des croyances, nécessairement besoin de se coucher pour accéder au sommeil profond (REM : Rapid Eye Movement).
Enfin, avec l’appui de cas cliniques, la conférencière invite à être vigilant au bien-être du cheval monté, ce qui passe par un apprentissage fondé sur des bases éthologiques argumentées (fondamentalement, l’équitation exploite le renforcement négatif, en revanche le Dr. BONATI déconseille l’usage de la punition), par la surveillance de l’intégrité du cheval et par l’utilisation d’un matériel adapté. Trop souvent, les signes de douleur pendant la préparation du cheval (agressivité envers l’humain, recul des oreilles et/ou mouvements de la tête au sanglage…) et pendant la séance de travail sont banalisés voire inaperçus par les propriétaires. Il peut donc être utile pour le vétérinaire de voir ces phases de préparation, en présentiel ou en demandant un film, et de comparer la séance de travail monté à un éthogramme adapté. Dr. Laure BONATI recommande le Ridden Horse Pain Ethogram de Sue Dyson, qui permettrait de relever des risques significatifs de boiterie insoupçonnée, en relevant juste 8 comportements de douleur parmi les 24 de l’éthogramme.
En somme, la médecine du comportement est une discipline en pleine évolution, et les propriétaires ont encore du mal à accorder une attention suffisante au comportement de leur cheval, et plus encore à se référer à un vétérinaire pour interpréter les symptômes. De fait, de nombreux signes cliniques passent inaperçus, ce qui peut installer un mal-être chez le cheval, et potentiellement des troubles du comportement irréversibles (stéréotypies orales ritualisées). Pourtant, des outils d’évaluation du bien-être animal existent déjà dans le domaine de l’hébergement du cheval, et des éthogrammes applicables au travail sont en chemin, qui permettraient de relever plus efficacement les douleurs du cheval monté (fréquemment dues à un matériel inadapté ou à des boiteries). In fine, la médecine du comportement gagne à une observation très attentive du cheval, et doit être mise en relation avec les autres disciplines vétérinaires, d’où la légitimité du vétérinaire pour étudier et soigner les affections du comportement. En effet, un cheval
présentant des troubles comportementaux doit être considéré d’office comme douloureux jusqu’à preuve du contraire.
Cette belle soirée a été conclue par un buffet convivial à la K’FET, réservée pour l’occasion.
Toute l’équipe de l’AVEF Jr de Lyon tient à remercie le Dr Laure Bonati pour son intervention ainsi que les membres de l’AVEF pour leur aide à l’organisation de cette première conférence 2024-2025 et leur soutien général.