Indépendance : question de point de vue !

28/05/2022

Vie de l'Association

Cet édito est le premier d’une série de trois articles sur l’indépendance vétérinaire. Nous souhaitons, suite à la table ronde organisée à Roissy, illustrer les différentes facettes de cette « actualité » qui fait débat aujourd’hui. Trois praticiens, ayant choisi des modèles différents d’organisations, exprimeront leur conception et leur vision de la pratique vétérinaire de demain.

L’arrivée des réseaux d’investisseurs dans le paysage vétérinaire français pousse la profession à réfléchir sur son existentialisme. L’épouvantail de la perte d’indépendance qui est présenté comme le corollaire de l’intégration à un réseau de clinique est brandi par certains. C’est louable, paternaliste et protecteur de leur part. Le libéral est un indépendant. Je n’en suis pas si sûr ! Son activité dépend au quotidien de sa santé mentale et physique. Elle dépend de son emprunt bancaire d’installation ou de rachat de part de société. Elle dépend de son organisme de leasing pour le matériel. Elle dépend de son employeur s’il /si elle est salarié(e). Elle dépend des codes et contrats (code rural, code de la santé publique, droit du travail, code de déontologie, code civil, code pénal, contrat de travail, contrat moral…). Elle dépend de l’ambiance de travail, de ses collègues, de l’ergonomie, du matériel à disposition, de la formation initiale et continue. Si vous travaillez en association, vous devez rendre des comptes à vos associés. Et les règlements des sociétés d’exercice prévoient bien souvent, dans les paragraphes que nous ne voulons pas lire, que la majorité puisse exclure la minorité.

Et Le véto solo me direz-vous ?

Peut-être être le moins non indépendant ? Sans GIE pour l’approvisionnement, sans emprunt pour fonctionner (autofinancement) par exemple. Mais assume-t-il vraiment sa continuité de soins ou dépend-t-il de confrères pour assumer ses obligations ordinales…. Et si oui au prix de quels sacrifices pour sa liberté, et pour sa vie personnelle.

Cette longue liste à la Prévert tend à montrer que l’indépendance à laquelle aspire philosophiquement la profession n’est peut-être pas notre quotidien. Et finalement que va changer l’appartenance à un réseau de cliniques sur cette énumération ?

La liberté est une notion étymologiquement libérale. La liberté est une notion individuelle dont les limites sont philosophiquement fixées par l’interdépendance des personnes au sein de nos sociétés codifiées.

Notre diplôme sous le bras, notre éthique en étendard et surtout notre passion professionnelle resteront toujours au service de notre vocation. Nous sommes toujours seuls face au client. Et notre but restera toujours le bien-être animal à travers le soin de l’animal malade et la prévention de la maladie.

Les postes à pourvoir ne manquent pas. C’est notre vraie liberté contrôlée.

Si le réseau est facilitateur, épanouissant, il faut peut-être l’écouter. S’il est castrateur il faudra le fuir.

Pouvons-nous être indépendant dans ce monde ? J’aspire surtout à garder ma liberté de penser.

Laurent Mangold, Vétérinaire, Vice-président AVEF