Grippe Equine : où en sommes-nous ?
27/02/2023
Non classé - Pratique
Vous le savez tous, ces dernières semaines le virus de la grippe circule de façon significative en Europe, et depuis fin janvier, de nombreux foyers sont recensés dans les centres d’entrainement et écuries des chevaux d’hippodrome, dans plusieurs régions de France (Calvados, Orne, Seine et Marne et région parisienne, Alpes Maritimes, Centre Est). A ce jour la situation semblerait s’améliorer dans les centres concernés, et aucune autre race ou activité équestre ne serait significativement concernée.
Il est important de rappeler que, même si elle n’est pas obligatoire, seule la déclaration des cas permet de suivre efficacement l’épidémie et de mettre en œuvre les mesures de prévention sanitaire adéquates.
Par ailleurs, si l’approvisionnement en vaccins a été tendu ces derniers mois, sachez qu’ils sont de nouveau disponibles en centrale. Vous pouvez commander facilement les présentations grippe seule (sans tétanos) pour effectuer les vaccinations ou les rappels qui s’imposent.
Pour compléter votre information, retrouvez ci-dessous les communiqués du RESPE :
Épizootie grippe équine - Communiqué de presse - 09/02/2023 - RESPE
ÉPIZOOTIE GRIPPE ÉQUINE – COMMUNIQUÉ DE PRESSE – 23/02/2023 - RESPE
En pleine période de salons et autres grands rassemblements d’équidés ainsi qu’avec le début de la saison de monte, le RESPE a répondu dans son communiqué du 9 février 2023 à de nombreuses interrogations que nous pourrions avoir dans notre pratique quotidienne :
Comment gérer le risque épidémique dans les centres de reproduction ?
- Vérification stricte du statut vaccinal, voire recommander un rappel de moins de 6 mois pour les races où ce n’est pas obligatoire, sous réserve que l’animal soit en bonne santé et sans contact avéré ou suspect avec un foyer de grippe équine.
- Quarantaine à l’introduction si possible.
Comment gérer l’épidémie sur le terrain ?
Sur le terrain, deux catégories de chevaux constituent un risque épidémiologique :
- Les chevaux des foyers confirmés : des équidés, vaccinés ou non, malades, présentant toux, jetage et fièvre. Ces animaux sont porteurs d’une grande quantité de virus et le diffusent largement par les sécrétions respiratoires (gouttelettes projetées lors de la toux, jetage). Ils restent excréteurs du virus pendant environ 3 semaines, ils doivent donc rester isolés pendant cette période.
- Les chevaux vaccinés ayant été en contact avec le virus mais qui ne présentent aucun symptôme : ils peuvent être porteurs du virus « au bout du nez ». Les quantités émises sont réduites et les animaux sont contagieux sur une période plus courte. Cependant, ces animaux cliniquement sains peuvent être un vecteur important de la maladie par contact direct lors d’épizootie telle que celle d’aujourd’hui. Des mesures de précaution doivent également leur être appliquées.
Le matériel de manière générale (soins, travail, alimentation, abreuvement…), les véhicules de transport et le personnel (mains, vêtements, …) peuvent aussi transporter de façon indirecte le virus et contribuer de façon significative à la propagation de la maladie.
Comment isoler les animaux, lesquels isoler et combien de temps ?
Pour les foyers confirmés :
- Isoler les animaux positifs,
- Arrêter les mouvements de chevaux dans et hors de la structure,
- Suivre la température de ces animaux pendant au moins 1 semaine (période d’incubation), autant que possible 2 fois par jour,
- Désinfecter le matériel ou utiliser du matériel à usage unique ; mettre en place des pédiluves devant les zones infectées ; les désinfectants virucides usuels sont actifs contre le virus,
- Désinfecter les locaux et effectuer un vide sanitaire avant toute réintroduction d’animal dans un local « infecté »,
- Désinfecter les vans et camions de transport, avant et après chaque déplacement,
- Limiter le contact des chevaux infectés uniquement au personnel responsable des soins,
- Mettre en place un circuit de soins (débuter les soins par les lots d’animaux sains pour terminer par les chevaux suspects et atteints),
- Utiliser du matériel différent pour chaque lot d’animaux,
- Réaliser les soins entre les différents lots par des personnels différents ou à défaut en suivant le circuit de soins, changer de tenue entre les différents lots si personnel unique,
- Des prélèvements réguliers (écouvillons naso-pharyngés) peuvent être mis en place pour suivre l’excrétion du virus (et donc la contagiosité) au sein d’un effectif.
Ces mesures de prévention doivent continuer d’être appliquées à minima 21 jours après constat du dernier symptôme de grippe.
En cas de suspicion, constat de symptômes respiratoires, et/ou de contact possible lors de rassemblement ayant accueilli des équidés en provenance des foyers concernés :
- Isoler, autant que faire se peut, les chevaux suspects,
- Limiter des mouvements de chevaux dans et hors de la structure,
- Isoler pour quarantaine les chevaux en provenance des sites infectés ou suspects,
- Suivre la température de ces animaux pendant au moins 1 semaine (période d’incubation), autant que possible 2 fois par jour,
- Réaliser les prélèvements nécessaires (écouvillon naso-pharyngé), et faire réaliser un test diagnostic validé par un laboratoire compétent,
- Réaliser une déclaration RESPE - qui sera anonymisée - pour permettre le suivi de l’épidémie.
Comment gérer le risque épidémique lors d’un rassemblement d’équidés ?
SI vous êtes vétérinaire sanitaire d’un rassemblement d’équidés, il peut être opportun d’imposer un rappel de vaccination de moins de 6 mois ainsi qu’un suivi de température biquotidien avant, pendant et après l’évènement.
Faut-il revacciner ?
Si la vaccination est fortement recommandée, elle ne se substitue pas aux autres mesures de précaution ; par ailleurs la protection conférée par le vaccin met plusieurs semaines à s’installer, et doit être entretenue par des rappels réguliers.
Les recommandations suivantes s’appliquent à l’ensemble de la filière, toutes activités confondues (trot, galop, sport, élevage, centre de reproduction, travail, loisir…) :
- Il est conseillé pour les chevaux déjà vaccinés, en bonne santé, n’ayant pas été en contact avec des foyers avérés ou suspects, dont le rappel vaccinal remonte à plus de 6 mois, de procéder à un rappel,
- Pour les chevaux non vaccinés et non exposés (n’ayant pas été en contact avec des foyers ou chevaux confirmés ou suspects), une vaccination peut également être envisagée, mais n’aura que peu d’effet en pleine épizootie. En effet, la primo-vaccination demandant à minima 2 injections à 1 mois d’intervalle, la protection commencera à être efficace lors de la seconde injection, soit 4 à 6 semaines après la première injection.
- Pour les chevaux exposés qui peuvent être en phase d’incubation, la vaccination est déconseillée et n’aurait que peu d’effet ; sur un cheval malade, la première injection risque de n’entrainer aucune réponse immunitaire, voire de déclencher plus rapidement la maladie.