Focus sur la Fièvre de West-Nile / Collaboration ANSES-AVEF

27/07/2023

Pratique - Scientifique

La fièvre de West-Nile (FWN), maladie virale, affecte certains oiseaux et mammifères, dont les chevaux et l’homme. Elle peut avoir une issue mortelle ou laisser des séquelles nerveuses après guérison. De par sa transmissibilité à l’homme et la gravité possible de son évolution, chez le cheval comme chez l’homme, la FWN a des conséquences sanitaires et économiques importantes.

Due à un arbovirus de la famille des Flaviviridae, elle porte aussi le nom d’encéphalite West-Nile ou méningoencéphalite West-Nile.
Elle a été identifiée pour la première fois chez une femme en Ouganda en 1937, à proximité des bords du Nil, d’où son nom.

La fièvre du Nil 0ccidental ou West Nile Fever est depuis 2007 une préoccupation de la commission "maladies infectieuses parasitaires et épidémiologie" de l’AVEF. Nous avions proposé avec le Professeur Agnès Leblond d’intégrer sa surveillance dans le réseau syndrome nerveux du RESPE créé à la suite d’un épisode d’encéphalose hépatique sur des juments. Nous avons travaillé au sein d’un  collège syndromes nerveux avec Sylvie Lecollinet, Cécile Beck et maintenant Gaëlle Gonzales auteure de l’article qui suit.

Cette collaboration avec l’ANSES s’inscrit dans la durée.

Cette année encore nous avons lancé deux projets : un projet de surveillance dans le sud-ouest de la France et un projet international de détection du virus avec l’université de Barcelone.

Pierre Tritz, DMV, Président de la commission épidémiologie AVEF

Focus sur la Fièvre de West-Nile

Les effets du réchauffement climatique bousculent les certitudes sur de nombreux plans et en particulier celles sur la circulation du Virus West-Nile. Jusqu’à présent il était communément admis que cet arbovirus circulait dans le delta du Rhône avec une majorité des cas objectivés d’août à octobre. Mais le recensement de 3 cas en Gironde à l’Automne 2022 et le premier cas équin découvert en Sicile au début de ce mois de mai, doivent nous rappeler de ne pas exclure la fièvre de West Nile dans notre diagnostic différentiel d’un équidé présentant des signes neurologiques.

Pour rappel, le virus West-Nile est un virus neurotrope dont le cycle de vie s’établit prioritairement entre les moustiques du genre Culex et de nombreuses espèces d’oiseaux (migrateurs et sédentaires). L’Homme et le Cheval sont des hôtes accidentels de ce virus et des cul-de-sac épidémiologiques car il y a peu de multiplication virale et de transmission du virus à un moustique lors d’un repas sanguin. Le nombre de cas équin varie d’environ 50 à 300 par an en Europe, et les cas humains vont de 150 à 1300 par an.

L’infection d’un cheval par le virus West-Nile reste majoritairement asymptomatique (80 % des cas d’infection). Le cheval peut présenter une fièvre modérée avec une atteinte de l’état général dans 20 % des cas. Dans 1 à 10 % des cas d’infection, des signes d’encéphalomyélite : dépression avec des phases d’hyperesthésie, ataxie, parésie pouvant aller jusqu’à la mort sont recensées. La guérison prend généralement 8-10 jours et dans 80-90 % des cas la convalescence prendra plusieurs mois mais dans 10 % des cas les chevaux présenteront des séquelles à vie. Lors de la phase neurologique, la dysphagie, les chutes, et un décubitus prolongé minorent le pronostic vital de l’animal par l’apparition de pathologies secondaires.

Le diagnostic différentiel le plus probable pour ces signes comprend West-Nile, EHV (Equine Herpes Virus) type 1 ou 4, l’Encéphalite à tiques, la maladie de Borna et pour les causes non infectieuses, une hépato-encéphalopathie et la leuco-encéphalomalacie (intoxication à la Fumonisine B1 : mycotoxine du Fusarium sp.). Le diagnostic de certitude repose sur une sérologie ELISA de capture IgM mettant en évidence une infection aiguë. La détection du génome viral par RT-qPCR n’a que peu d’intérêt dans l’examen ante-mortem car les virus se concentre principalement dans le cerveau de l’animal infecté symptomatique, la virémie étant fugace. Un projet de recherche est en cours afin d’étudier la persistance du génome viral du virus West-Nile dans l’urine des individus infectés et l’utilisation de cette matrice dans les activités de diagnostic.

Il n’existe pas de traitements pour lutter contre l’infection. Seule des thérapeutiques de soutien (anti-inflammatoire, fluidothérapie…) et du nursing sont déployées. La vaccination reste le moyen de prévention le plus efficace pour lutter contre cette infection imprévisible.

Suite à la mise en application de la Loi Santé Animale (LSA), la fièvre de West-Nile est passée du statut de maladie de première catégorie à une maladie de type E à déclaration obligatoire. Il est donc obligatoire de les déclarer auprès de la DD(ETS)PP du département du cas.

Gwenaëlle Grandchamp-Renard, Inspectrice en Santé Publique Vétérinaire, Vétérinaire, Ingénieure de développement en santé des équidés, Pôle Développement, Innovation et Recherche Institut français du cheval et de l'équitation.

Gaëlle Gonzalez, PhD, Directrice adjointe du LR-UE maladies équines, LNR français West- Nile Laboratoire de santé animale – Unité de virologie, Groupe « Zoonoses Equines et Neuro-virologie » ANSES.