Bien-être animal, entrons-nous dans l’ère d’une approche rationnelle et pragmatique ?

29/04/2022

Vie de l'Association

Nous en avons tous conscience, la thématique du bien-être animal a envahi nos sociétés modernes et par voie de conséquence, inévitablement, la sphère vétérinaire en général et celle de la filière équine en particulier.

Préoccupation devenue exigence sociétale, avec parfois ses positions extrémistes, cette évolution sans retour a modifié nos habitudes professionnelles, augmenté le niveau d'exigence (certains diront de contraintes), ou a minima, nous a obligé à nous interroger sur l'éthique de nos pratiques ancestrales, apprises religieusement, parfois sur les bancs de l'école ou plus souvent peut-être auprès de nos  pairs, maitres d'apprentissage sur le terrain.

Contrainte supplémentaire ? Nécessaire évolution des mœurs ? Toujours est-il que l'existant s'est vu confronté aux avancées de la "Science".

  • Oui, aujourd'hui, l'éthologie est belle et bien la science du comportement et le bien-être animal ne se limite plus à la satisfaction de besoins physiologiques ou à une simple question de taille de boxe.
  • Oui, certaines pratiques empiriques (par exemple les thermocautères) ne sont plus acceptables car scientifiquement injustifiées et éthiquement injustifiables.
  • Oui, les vétérinaires sont les garants de la lutte anti-dopage et de la prise en charge de la douleur, autant pour les chevaux devenus sportifs de haut niveau que pour le cheval de loisir accédant désormais au statut de sénior.

L’année 2022 sera donc celle du bien-être des équidés, ou plutôt la première année d'une probable décennie du bien-être des équidés tant les sujets sont nombreux. Le BEA est partout, parfois même jusqu'à être galvaudé, mis au niveau d'un argument commercial vantant les mérites de tel ou tel complément alimentaire ou équipement de protection pour chevaux.

Nos politiques ne s'y sont pas trompés : après la stratégie 2015-2020, prolongée pour cause de COVID, la nouvelle "Feuille de route en faveur du BEA" du Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation (MAA) verra bientôt le jour. Elle fixera les objectifs des pouvoirs publics pour les 5 années à venir et, peut-être, les moyens qui vont avec. Des déclarations d'intention ? Pas seulement.

En 2021, particularité française, les socioprofessionnels de la filière équine ont engendré un référentiel commun, validé ANSES, basé sur une approche animal-centrée et qui s'inscrit dans une démarche qualité volontairement pragmatique, pour échapper à une dérive normative issue de la retranscription des directives européennes.

Récemment adoptée suite au passage en commission mixte paritaire et parue au JORF en novembre 2021, la "Loi contre la Maltraitance Animale", communément appelée "Loi Dombreval", introduit de nouvelles règles pour la filière. Pour les équidés (qui ne font pas partie des animaux de compagnie : fût-il nécessaire de le rappeler ?), la loi va dans le sens d'une plus forte sanction de la maltraitance active et l'esprit de la loi cherche à prévenir la maltraitance passive, celle qui est le fait de l'ignorance des besoins physiologiques et comportementaux de base des équidés.

Demain, évènement majeur de 2024, la France accueillera les JO de Paris où les sports équestres devront faire preuve d'exemplarité en matière de bien-être animal, sauf à vouloir prêter le flanc aux attaques prévisibles des animalistes, opposés par principe à toute domestication et à tout usage du cheval comme animal de sport.

Alors quelle place pour les vétérinaires dans tout ça ? Nous avons une double compétence à faire valoir : celle de la science et celle du pragmatisme.

Notre expertise scientifique est médicale, factuelle et indépendante. Elle se fonde sur les données acquises de la science, notamment de la médecine comportementale. Elle permet d'identifier des critères objectifs, centrés sur l'animal et non pas sur son environnement. Elle met au cœur du sujet la santé physique et mentale de l'animal, en somme notre cœur de métier !

Notre pragmatisme est celui du terrain. Il permet de s'affranchir des grands principes théoriques, de les confronter au réel et d'agir concrètement en faveur du bien-être des équidés.

Aujourd'hui, nous accueillons le lancement de "Cap Douleur Equin", nous entrons grâce à la VSOE chez tous les détenteurs de plus de 2 équidés pour un audit BEA personnalisé, nous mettons en avant notre savoir-faire et défendons l'éthique de nos pratiques, nous avons à nous prononcer sur les bonnes pratiques de la relation homme-animal, nous ferons des jeux de Paris "Les Jeux du bien-être des équidés", etc…

… Nous seuls pouvons garantir que demain le bien-être animal ne sera pas une contrainte de plus mais bel et bien une chance, un facteur de progrès, et peut-être même l'un des piliers de l'avenir de notre métier de Vétérinaire.

Vincent Boureau, Vice-Président AVEF, Référent Bien-être animal