Besoin de vétérinaires équins ?

29/04/2022

Pratique - Vie de l'Association

Les difficultés de recrutement n’ont jamais été aussi importantes pour les vétérinaires d’une façon globale dans tous les secteurs. Pierre Mathevet le soulignait dans sa conférence à Roissy « Comment attirer et garder ses collaborateurs ? » (Replay accessible sur la plateforme de formation https://avef.fr/formations-en-ligne/). Si autrefois, nous avions plusieurs candidats pour un poste, aujourd’hui nous constatons un phénomène inverse. Les candidats ont le choix entre plusieurs postes et il faut se démarquer des autres structures pour répondre à leurs attentes.  Avoir toujours un temps d’avance, parfois plusieurs mois, pour anticiper le recrutement devient désormais la norme.

En 2017, Le CNOV a créé l’Observatoire National Démographique de la Profession Vétérinaire (ONDPV). La première mission de cet observatoire a été d’établir le besoin en diplômes vétérinaires, notamment pour répondre à l’utilité d’ouvrir une nouvelle école vétérinaire en France. Cette mission s’est appuyée sur une enquête confiée au cabinet Phylum en 2019, enquête largement financée par les organismes professionnels.

Différents scénarios d’évolution des marchés ont été imaginés et des hypothèses posées pour chaque secteur dont l’activité équine. Les postulats de départ étaient que le besoin en vétérinaires équins était nul et que le transfert d’activité (passage de l’équine à la canine par exemple) était faible. Pourtant ces 2 points s’avèrent discutables ...

En effet, dans une étude flash que nous avons réalisé à la fin 2021, sur un échantillon de 33 structures, 19 postes étaient espérés tout de suite, plus de 20 supplémentaires à 6 mois et idem à 1 an !

Ces résultats sont déjà au-dessus des conclusions de l’étude : 46 vétérinaires nécessaires à l’équine dans son scénario le plus favorable (reprise modérée de 1 % de l’équitation de loisir entre 2024 et 2028) jusqu’en … 2033 !!!

L’activité équine se diversifie, et se développe chaque année. Les athlètes sont de mieux en mieux suivis et accompagnés par leurs vétérinaires, et les particuliers sont plus demandeurs de soins pour leurs chevaux, notamment pour les chevaux âgés.

Alors que les besoins augmentent, les aspirations des jeunes vétérinaires ne sont plus les mêmes qu’avant. Il y a 20 ans, on trouvait beaucoup de vétérinaires qui travaillaient 6 jours sur 7 voir plus, assumant les gardes. Aujourd’hui, les attentes sont plutôt de travailler 4 à 5 journées par semaine, si possible sans gardes et avec des horaires moins étendus et se laisser du temps pour gérer famille et loisirs.  Force est de constater que les envies et besoins de nos jeunes consœurs et confrères évoluent pour une vie plus équilibrée entre activités professionnelles et personnelles. Ce sont les nouvelles donnes à prendre en compte dans nos recrutements. Pourtant ces paramètres générationnels n’ont pas été suffisamment considérés dans l’étude.

En parallèle, la France a décidé de réagir en augmentant le nombre de places pour les élèves en école vétérinaire. Le nombre de sortants (Étude Phylum 2019) va passer de 554 en 2022, à 611 en 2023, 636 en en 2024, 646 en 2025, 668, en 2026, et 768 en 2027. Mais le besoin estimé global est de 900 vétérinaires par an !... L’arrivée de la nouvelle école privée, imposée par le Ministère, pourrait répondre partiellement au différentiel global mais pas à celui de l’équine puisqu’à ce jour la formation de vétérinaires équin n’est pas mise en avant dans son projet …

Le recrutement est et va rester un sujet délicat dans les années qui viennent. Bien sûr nous continuons de porter ce sujet au niveau des instances Ordinales et du Ministère pour continuer le dialogue et essayer de trouver des solutions. En attendant nous allons devoir développer notre marque employeur et rendre nos structures attractives pour les candidats. Peut-être un moteur et une opportunité de développement ?!...