Attention chenilles processionnaires en vue !

31/05/2024

Pratique

Les cas d’intoxications par les chenilles sont rarement notifiés aux centres antipoison vétérinaires (Lefebvre 2023). Dans le cadre du GT maladies du pâturage du RESPE, une enquête auprès des vétérinaires sentinelles a été réalisée début 2023. Celle-ci a permis de mettre  en évidence quelques points de réflexion  :

  • la fréquence de cette pathologie est plus importante que ce que l’on pouvait suspecter,
  • la prévalence sur le terrain est probablement très différente avec tous les cas observés en clinique ou dans les élevages de formes atténuées par rapport aux cas référencés tant aux centres antipoison que dans les services d’urgence (Pouzot-Nevorel, 2017 et 2018),
  • des efforts dans la documentation des cas seraient pertinents.

Les praticiens semblent avoir apprécié de pouvoir mettre un nom sur une pathologie qui leur semblait idiopathique.

On constate des territoires où la présence des chenilles est connue de longue date notamment pour la chenille processionnaire du pin, où les praticiens ont ponctuellement des suspicions. Des zones tampons ou de front où les chenilles colonisent de nouveaux territoires où les confrères détectent progressivement les premiers cas. Et enfin des territoires indemnes, où il est important de mettre en alerte la profession.

Les axes principaux de communication de ce danger résident dans la progression géographique des populations des deux chenilles urticantes, la modulation interannuelle des densités en exposition aux soies urticantes et à la modification des périodes à risques en relation avec la topographie des infestations et les modifications du climat.

Ce risque révèle également tout l’intérêt de s’inscrire dans une approche globale ou "One health" car dans les expositions aux soies urticantes polluant l’environnement, souvent avec un petit relent « d'ennemi invisible » (contamination des foins par la CPC) ce sont souvent les humains (dont les vétérinaires) qui gravitent autour des chevaux qui relèvent en premier les symptômes (surtout cutanés et oculaires) et permettent ainsi de faire le lien avec la pathologie des chevaux.

Nous souhaitons renforcer la vigilance sur cette pathologie et nous inscrire dans une démarche de signalement des cas pour pouvoir diffuser des bulletins de vigilance via les organismes professionnels vétérinaires.

Un groupe de réflexion entre les différentes organisations techniques professionnelles du monde vétérinaire réfléchissent à proposer des signalements aisés et rapides vers des systèmes existants (RESPE par exemple pour les chevaux) ou les deux centres antipoisons vétérinaires, en faisant appel à des vétérinaires volontaires et sentinelles. L’objectif est de détecter la progression du front, l’extension des zones, l’incidence et l’intensité du signal de danger. Les centres anti-poisons remercient les vétérinaires de leurs signalements pour faire avancer la compréhension de la bonne gestion du risque.
Le rôle du vétérinaire pourrait être également d’aider à choisir les bonnes méthodes de maîtrise et d’intégration des chenilles dans l’environnement en minorant la signature environnementale des traitements dans le respect des contraintes sociétales et de la protection des santés humaine et animale et en renforçant son rôle de cheville ouvrière dans l’intégration du vivant en ville et en campagne.

Emparez-vous des visuels réalisés par Fredon France pour communiquer :