Conférence : Le Stress Oxydatif – Avril 2016
24/04/2016
AVEF Junior - AVEFjr Liège
Conférence du 17/02/2016
Le stress oxydatif
Par de Dr LEUKEUX Pierre
La conférence a réuni 30 personnes dont deux internes de la clinique équine. Elle a duré environ une heure et a été donnée par le Dr LEKEUX Pierre, DVM, PhD et chef du département de physiologie vétérinaire de l’ULg depuis 1986.
Le conférencier a commencé par introduire le contexte en décrivant le côté « super-athlète » du cheval, notamment par sa capacité à supporter des conditions pendant l’effort qui lui nuiraient au repos, comme l’hyperkaliémie, qui peut monter jusqu’à 8mmol/L, la lactatémie (30mmol/L !), l’hématocrite … Mais ces conditions extrêmes entrainent parfois des pathologies, comme les hémorragies induites par l’effort (1 pur sang sur 2), les ulcères gastriques, les boiteries… Et justement, le stress oxydatif peut entrainer lui aussi des lésions suite à l’exercice intense. Celui-ci est du à un déséquilibre entre les pros et les anti- oxydants. Les pro-oxydants ont beau avoir un effet néfaste lors du stress oxydatif par leur action nécrosante, il faut savoir que leur présence dans l’organisme est essentielle, notamment par leur action antibactérienne (via les neutrophiles), ils permettent également de nettoyer les lésions post-infection pour permettre la cicatrisation. Le stress oxydatif peut résulter soit d’une augmentation des pros (inflammation), soit d’une diminution des anti-oxydants -> cause exogène (apports insuffisants) ou endogène (épuisement des stocks). Ainsi se posent plusieurs questions auxquelles le conférencier a successivement répondu :
L’exercice joue-t-il un rôle dans le stress oxydatif ? Oui, l’exercice violent produit une inflammation jusqu’à deux jours après l’exercice que l’on peut objectiver par la chute du taux de la péroxydase. De plus, des conditions extrêmes en température et en humidité aggravent ce stress.
L’entrainement a-t-il un rôle ? Oui, lorsqu’un cheval est entrainé, ses réserves en anti-oxydants augmente de manière significative.
La durée de l’effort influe-t-elle ce stress ? Oui, on observe qu’après 6 semaines de courses, il y a déjà une diminution des enzymes anti-oxydantes de l’organisme ce qui rend le cheval plus fragile.
Le stress oxydatif affecte-t-il la santé du cheval ? Oui, il joue un rôle majeur à mineur dan certaines pathologies, comme lors de myopathie post-exercice, de pathologies respiratoires chroniques, de l’hémorragie pulmonaire induite par l’exercice, des pathologies nerveuses (grass disease, maladie des motoneurones…). En bref, le stress oxydatif peut provoquer ou exacerber certaines pathologies et ralentir la cicatrisation.
A-t-il un effet sur la performance ? On remarque que le taux d’enzymes anti-oxydantes affecte l’endurance chez des souris de course de manière significative. De même, la VO2 max varie chez les chevaux en fonction de leurs réserves en anti-oxydants.
Peut-on agir ? Pour contrer l’augmentation des pro-oxydants, on ne peut pas agir sur l’exercice, mais on peut diminuer l’inflammation (AIS, AINS). Pour augmenter les réserves d’anti-oxydants, on peut augmenter l’apport en ceux-ci, soit en administrant directement des anti-oxydants, soit des précurseurs, soit via des substances d’épargne des anti-oxydants (acide hyaluronique, acide acétyl cystéique). Tout en gardant à l’esprit que trop est tout aussi néfaste que trop peu et qu’il faut donc utiliser ces cocktails vitaminés avec parcimonie.
Sur qui doit-on agir ? Seuls les chevaux faisant des exercices intenses OU les chevaux ayant une inflammation chronique sont concernés. Sachant qu’un bon soutien de la fonction anti-oxydante ne pourra être fait que s’il y a effectivement un effort intense ou une inflammation et que si les compléments sont donnés en bonne quantité, par la bonne voie d’administration et durant la période de stress oxydatif (arrêt dès que le cheval ne fait plus d’effort intense).
Pour conclure, prévenir vaut toujours mieux que guérir et un traitement contre le stress oxydatif ne remplacera jamais un bon entrainement ou des mesures afin de diminuer l’inflammation chronique.
La conférence s’est achevée par une séance de questions-réponses et un drink.
Les retours sur cette conférence ont étés très positifs
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