Ça recommence …

31/03/2022

Pratique - Réglementaire

Trois mois après, c’est encore une semaine mouvementée qu’a vécu le milieu des courses hippiques.

A nouveau, le mot « vétérinaire » émerge en tête des articles décrivant, interprétants « analysant » la procédure en cours. La stigmatisation de notre profession au milieu de cette affaire n’apparait pas justifiée et tend à nous mettre en première ligne des fautes et erreurs commises. Ce qui n’est pas vrai.

L’interdiction de travailler ordonnée par la justice et appliquée par obligation par les sociétés-mères brisent des carrières et bouleverse le milieu fermé des entraîneurs et jockeys et drivers. Que faut-il penser des gardes à vues et interrogatoires sous pression de certains confrères pour finalement ne rien retenir contre eux ? Est-ce que l’interpellation dès potron-minet devant conjoints et enfants avec force fouilles, saisies manu militari n’est pas de nature à choquer l’entourage ? Et n’est-elle pas de nature à bouleverser une vie de praticien ?

La justice doit faire son travail. Cette phrase galvaudée est une vérité absolue dans un pays démocratique. On pourrait attendre dans un même pays démocratique un peu d’humanité, un soupçon de hiérarchisation dans le traitement des témoins vs des personnes sur lesquelles pèsent des charges. On pourrait espérer une pincée de professionnalisme de la part des enquêteurs dont les questions ont laissé pantois certains confrères, à moins que ce ne fusse stratégique.

La presse agite le chiffon rouge du dopage cette semaine. Il semble pourtant, d’après les communiqués de la justice ou les déclarations du Service central des courses et des jeux qu’il s’agisse d’importation de médicaments non autorisés, à l’époque, et de pratiques illégales de la médecine vétérinaires. Ces derniers points ne paraissent pas être le fait de confrères. Dans ce dossier sont toutefois citées des personnalités étrangères bien connues des milieux hippiques et équestres, contre lesquelles ni les douanes, ni la justice, ni le CNOV n’ont rien pu/su/voulu faire. Est-ce l’occasion de les attraper ? Espérons que cela ne fera pas chou blanc une fois de plus.

Que révèle cette actualité ? Tout d’abord que certains soins et traitements des chevaux en France échappent aux vétérinaires inscrits au CNOV. Ensuite, que des produits, dont on peut lire ou entendre les noms dans les médias, n’ont souvent pas fait preuve d’une quelconque efficacité et sont plus de l’ordre de la recette de grand’mère, de la légende ou, hasard ou coïncidence, d’une pseudo efficacité à la suite d’une performance ?

Contenu du contexte et des conséquences judiciaires possible, il est urgent de se poser des questions. Faut-il prendre des risques et importer ou administrer ce genre de produits devenus médicaments par destination ou risquant d’entrainer des tests anti-dopage positifs ? Est-ce que la célébrité, la gloire ou la réussite financière valent la peine de voir débarquer des uniformes et des brassards à 6 heures le matin chez soi ? Est-ce de la responsabilité du vétérinaire traitant de s’assurer personnellement que le cheval soigné ne va pas être engagé ? Est-ce à lui de connaître le code des courses ou à la personne responsable du cheval ?

Il va donc falloir se mettre autour de la table et répondre sans langue de bois à quelques autres interrogations :

  • Où est la limite entre soins et amélioration des performances et dopage ?
  • Comment considérer détection des substances sans cesse améliorée, positivité et réelle efficacité de molécules ou autres éléments ?
  • Comment mettre en place un réel suivi longitudinal pour les chevaux athlètes ?
  • Faut-il mettre en place une visite vétérinaire avant et après chaque course, comme en endurance par exemple ?
  • Quelle est la légitimité et la légalité de certains traitements ou pratiques ?
  • Comment être transparent sur les traitements, soins vs amélioration de performances et dopage à proximité des courses ou compétitions vis-à-vis du grand public ?

Cet inventaire n’est pas exhaustif mais il sera nécessaire de trouver des réponses et d’accélérer le processus d’amélioration de toutes les pratiques si nous souhaitons continuer à soigner.